Genre et communication
FAIRE LA PEAU AUX CLICHÉS DU POIL
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4 ans agoon

On a beau les arracher avec ferveur tous les x temps, ils reviennent de plus belle, plus drus, plus voyants, et nous rendent la vie dure. Ces indésirables envahissent chaque centimètre de cette peau que l’on voudrait si lisse et pure. Oui pure, parce que les poils c’est moche, c’est sale, ça fait négligé. Il est maintenant naturel de s’épiler, voire nécessaire. Pourtant, le poil est une réalité sociale bien plus complexe qu’on ne le pense. S’il paraît anodin, voire carrément indésirable, le poil incarne (c’est le cas de le dire) à lui tout seul une multitude de significations. Peut-être faudrait-il en prendre conscience avant de s’en débarrasser avec ardeur comme on le fait si régulièrement en grimaçant de douleur!
Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus, les hommes sont virils et bestiaux, les femmes sont douces et candides. Nous la connaissons cette vieille rengaine. Si elle a tendance à perdre de sa force au fil du temps, elle est toujours très présente aujourd’hui, mais de manière bien plus insidieuse. Cette répartition des caractères et des forces selon le genre se représente dans l’espace privé et public par les corps. S’il était relativement accepté d’avoir des aisselles foisonnantes il y a une trentaine d’années, un tournant s’effectue dans les années 1990 : le glas du règne du lisse a sonné. Les femmes, socialement voulues comme douces et calmes de par leur instinct maternel, dit naturel, ont pour injonction de traduire par leur corps ces caractéristiques, notamment en le rendant vierge de toute aspérité.
Les pratiques de dépilation (rasage, épilation, etc) font partie de ces pratiques que les femmes entretiennent régulièrement avec leur corps sans qu’il n’y ait de véritable explication logique autre que celle d’un ordre axiologique de type « ce n’est pas beau », « je n’aime pas », « ce n’est pas agréable ». Malgré leurs nombreuses contraintes (onéreuses, chronophages, douloureuses), elles sont perpétuées par habitude, par peur des réactions de jugement qu’entraîne toute transgression, autrement dit par conformisme. La norme du lisse s’impose et est incorporée, donc se perpétue désormais sans véritablement de résistance. Comment cela se fait-il ?
Les poils et l’hygiène ou Roméo et Juliette : que tous semblent vouloir diviser
L’argument sanitaire est sans doute le justificatif aux pratiques de dépilation le plus ancré dans nos mentalités : dans l’imaginaire commun, les poils c’est sale. Comme le relèvent les sociologues québécois Richard Poulin et Amélie Laprade (2006), hier synonyme de sexualité chez les femmes, le poil pubien est désormais anti-érotique en ce qu’il est associé à la souillure.
C’est une conception des poils assez foireuse puisque, par exemple, ils nous protègent de certaines infections. Shannon Rosenberg a réalisé en mai 2017 un article sur BuzzFeed listant, entre autres, les bienfaits des poils pubiens sur notre santé et on peut résumer la chose ainsi : les poils pubiens protègent nos parties génitales. Ils forment une « barrière défensive », déclare le Dr Evan Rieder, maître de conférences en dermatologie au NYU Langone Medical Center. Le Dr Rachel Miest (dermatologue de la Mayo Clinic, Minnesota) ajoute que « leur présence empêche les particules étrangères, comme les bactéries, d’infecter la peau, mais aussi d’entrer dans le corps. Ils servent donc potentiellement de mécanisme de protection contre les IST, et l’épilation nous expose davantage aux infections comme l’herpès, le VPH, et la gonorrhée. » De plus, si les poils peuvent constituer un nid à bactéries, ce n’est pas l’apanage des poils pubiens, des poils des aisselles ou des poils de la moustache féminine : c’est également le cas de la barbe (schématiquement, principal attribut de virilité) et des cheveux (fort symbole de séduction). Pourtant, il y a une classification assez absurde des poils, que Juliette Sakoyan (2012) relève en distinguant les « poils-parures » des « poils-parasites ». Si certains sont désirés, d’autres sont rejetés, voire éradiqués – et la question sanitaire n’a rien à voir là-dedans. Finalement, avoir une bonne hygiène de vie n’est en rien en lien avec le fait d’avoir des poils ou non, et inversement : leur propreté dépend de notre hygiène de vie générale. Accepter cela revient à ébranler les fondements des pratiques de dépilation que nous entretenons si hargneusement.
C’est cet argument sanitaire pseudo-scientifique qui est invoqué, auprès de l’argument esthétique, par l’industrie de la pornographie pour justifier l’omniprésence actuelle de pubis imberbes. Selon Marie-France Auzépy (2011), la pornographie est un bon miroir de l’évolution de la pilosité dans la société, ainsi l’analyse de l’évolution de la pilosité des pubis féminins dans le magazine Playboy nous permet de comprendre que les débuts de leur épilation ont lieu dans les années 1990, la forme d’épilation en « ticket de métro » devient la norme au début des années 2000 avant de laisser place à une disparition totale du poil chez les playmates dès 2005. Selon elle, « la pornographie actuelle reste dans la ligne du puritanisme du XIXe siècle ». L’IFOP affirmait en 2014 que 14% des femmes françaises s’épilent intégralement le sexe, dont 45% des moins de 25 ans. De plus, plus les sondées avaient regardé du X récemment, plus elles étaient épilées.
Plusieurs constats : la norme du lisse n’en a pas toujours été une, et plusieurs acteurs participent à l’instauration de cette norme, dont la pornographie. Enfin, si l’argument sanitaire est le premier évoqué spontanément, l’argument esthétique le suit de près.
Il faut souffrir pour être belle, sans oublier de bien consommer
La norme du glabre n’est pas un invariant de l’Histoire. Si les pratiques dépilatoires étaient très présentes en Occident durant l’Empire romain, elles sont délaissées au Moyen-Âge avant d’être revivifiées par l’influence des pratiques orientales durant les croisades. Elles apparaissent aujourd’hui comme majoritaires, mais ne sont pas unanimement acceptées : en Corée du Sud par exemple, les poils sont signes de beauté, et la chirurgie esthétique propose de plus en plus d’implants pubiens. Le goût pour la peau lisse est loin de seulement relever de notre volonté individuelle – prendre conscience de cela met à mal tout justificatif esthétique des pratiques de dépilation.
Plusieurs acteurs participent à l’instauration de cette norme du lisse et à son incorporation. Les médias jouent un grand rôle dans l’affaire, comme le relève Cassandre Ville (2016) établissant un parallèle entre les paysages matériaux et les paysages mentaux. Ce qui s’impose dans l’un s’impose dans l’autre, ainsi l’image d’un corps féminin idéal (lisse) en permanence renvoyée aux femmes finit par être intégrée et désirée, être incarnée. Si les magazines féminins abondent en conseils et prescriptions au sujet de l’épilation dès l’arrivée du printemps, les publicités (omniprésentes dans le paysage quotidien) arborent des corps de femmes nets, sans aspérités. Selon Cassandre Ville, le culte de l’apparence est en étroit lien avec la société de consommation basée sur une économie capitaliste.
Comme l’indique Naomi Wolf (1991), la culture de l’esthétique liée à la transformation des corps accompagne une industrie très lucrative, aboutissant à la création d’un corps idéal, qui devient le référent de l’esthétique féminine. Tout ce qui s’éloigne de cette norme est alors considéré comme « moche », et les femmes tentent corps et âme de s’y conformer. Là est toute la subtilité du marketing : il s’attelle à maintenir les femmes dans un état d’insécurité sexuelle, de haine de soi et de constant échec en leur promettant un idéal inatteignable, à savoir l’aspiration permanente à devenir « belle », belle selon les critères qu’ils imposent. Le tout ayant pour objectif de faire des femmes des consommatrices avant tout, de faire en sorte qu’elles dépensent toujours plus de produits cosmétiques. La socialisation (l’apprentissage des normes sociales) a un véritable impact sur la perception qu’ont les femmes de leur propre corps.
Comme l’affirme Christine Detrez (2012), les significations sociales et culturelles du poil ne constituent pas seulement un décor imaginaire où évoluerait l’individu, mais conditionnent véritablement, par les valeurs qui le sous-tendent, nombre de ses pratiques les plus quotidiennes. L’impact des normes esthétiques imposées par la société sur nos jugements est fort, décisions individuelles et diktats esthétiques se confondent. Ainsi, les jugements se réfèrent à un principe, à savoir le glabre féminin : ce que l’on trouve « beau » (les jambes dénuées de poils) n’est en rien le fruit d’un goût personnel et intime, bien qu’il soit communément reconnu comme tel (et là est toute la perversion d’instauration d’une norme : le normé pense la norme comme naturelle, venant de lui). La norme du lisse est intériorisée par les femmes et façonne leurs jugements : les émotions ressenties par rapport à la pilosité sont normalisées et « induisent un respect machinal de la norme du glabre féminin » (Cassandre Ville, 2016). Le glabre doit apparaître comme un attribut et non comme un produit. Les conséquences de ce phénomène peuvent parfois être dramatiques : cela participe à la dépossession des femmes de leur corps, qui éprouvent dès lors du dégoût pour leur corps naturel, qui n’est pas ce corps artificiel banalisé, comme le souligne Anne Friederike Müller-Delouis (2001). En effet, en s’épilant, les femmes tentent « d’échanger leur corps matériel contre un corps idéalisé, sans odeur et sans poils. […] Ce travail de Sisyphe, qui enrichit l’industrie cosmétique, est un déni du corps réel, donc un déni de la personne, et il se solde souvent par un sentiment de honte face à l’échec inévitable, et par une diminution de l’estime de soi. »
Poils et sexualité, pratiques dépilatoires et restriction sexuelle
En ce qu’elles sont genrées, ces pratiques de dépilation présentent des rapports de pouvoir sous-jacents. Soumettre le corps de la femme (lui imposer des normes, l’enfermant dans des carcans, le rendant à vif) a une forte dimension symbolique : la maîtrise du corps est la maîtrise de l’individu, tout comme les pratiques de dépilation semblent être une véritable incorporation d’une hiérarchie sociale genrée.
Pour comprendre cela, il nous faut revenir à la base. Comme le constate Christian Bromberger (2005), hommes et femmes ne subissent pas la même pression sociale quant à l’entretien de leur corps, et le diktat de la beauté est bien plus pesant pour ces dernières. Cela est dû aux représentations symboliques auxquelles est associé le poil : son absence est communément admise comme propre à la féminité puisque relevant de la douceur, de la propreté et de la maîtrise de son apparence. A contrario, la pilosité est symbole de bestialité et relève de la virilité masculine. Ainsi, s’épiler s’agit symboliquement d’inscrire les distinctions genrées sur les corps, d’enlever toute trace de virilité du corps féminin. Dès lors, le poil féminin menace l’ordre social établi, provoque un désordre : en venant « contredire nos précieuses classifications », il est « susceptible de jeter la confusion », affirme Mary Douglas (1971). Si la question de la pilosité devient clé progressivement, c’est parce qu’elle est un point de cristallisation des différences entre les sexes : « Cette apparition du masculin dans le féminin souligne la menace que représente un corps féminin qui n’est pas un ‘autre’ absolu », déclare Karín Lesnik-Oberstein (2011).
La plus grande force de la norme du glabre est de créer un critère de validité de la réalité sociale (les femmes doivent être épilées) et de faire en sorte qu’il soit intégré, incorporé (c’est à dire considéré comme naturel) par les principales concernées (je m’épile parce que je trouve ça beau et propre). Cette injonction sociale à l’épilation du corps féminin influe sur la perception qu’ont les femmes de leur corps et, plus précisément, de leur sexualité. Ainsi, la question de l’épilation dépasse la simple dimension esthétique ou sanitaire. Puisque les poils apparaissent sur le corps des femmes lors de leur passage à l’âge adulte et sont des caractères sexuels secondaires. La pilosité féminine est assimilée donc à une sexualité active. Maîtriser le corps de la femme, et plus particulièrement ses poils, revient à maîtriser sa sexualité : la femme doit apparaître lisse et pure, vierge et angélique. Ainsi Germaine Greer (1970) relève que « l’imagination populaire, assimilant le système pileux à la fourrure, y voit un indice d’animalité et d’agressivité sexuelle. Les hommes le cultivent […]. Les femmes le dissimulent, de même qu’elles évitent de manifester leur vigueur et libido. Si elles n’éprouvent pas spontanément une répulsion suffisante pour leurs poils, d’autres les inciteront à s’épiler. » Les pratiques dépilatoires apparaissent alors comme un moyen de contrôle symbolique de la sexualité féminine par la société patriarcale. Ainsi, Anne Friederike Müller-Delouis relève que « le corps nu féminin, thème si récurrent dans l’histoire de l’art occidental, est la plupart du temps représenté comme un objet de désir, qui s’offre au jugement du spectateur. […] Epilées, [les femmes] donnent au spectateur le sentiment de contrôler l’objet de son désir, un objet qui ne risque pas de déployer un pouvoir sexuel de sa propre initiative » (2011). Ainsi, l’injonction que reçoivent les femmes de s’épiler reflète symboliquement l’attente d’une passivité sexuelle par rapport aux hommes, et cela se fait en toute subtilité puisque la norme du glabre est intégrée, voire incorporée par les femmes.
Manifeste pour une libération du poil et une ré-éducation à la notion de beauté au prisme de la diversité
Pour conclure, nous pouvons constater que les pratiques dépilatoires, généralisées et communément admises comme naturelles, esthétiques et hygiéniques, et ce malgré les contraintes qu’elles présentent, ne relèvent en rien d’un choix individuel et intime en ce qu’elles sont un construit social dont les principaux acteurs contemporains sont les médias, l’industrie commerciale et la pornographie. La maîtrise de la pilosité féminine est un phénomène social prenant part dans le processus général de sexualisation du corps des femmes. En ce qu’il les incarne, le corps féminin, soumis aux diktats de la norme du glabre, reflète de lui-même les contrastes sociaux entre les genres et, par là-même, les rend naturels. Ainsi, les pratiques de dépilation (rasage, épilation, etc), répondant à la norme du glabre, sont généralisées. En ce que les poils sont associés à l’entrée dans l’âge adulte, à une vie sexuelle mature, l’épilation du pubis, tout particulièrement, revêt une symbolique particulière : cette pratique est l’emblème d’une volonté de maîtrise, voire de contrainte de la sexualité féminine. Le corps féminin porte en lui et sur lui les marques de sa domination, de sa soumission.
Bien qu’aujourd’hui, le fait de ne pas s’épiler le pubis ne relève pas d’un signe de « libération sexuelle », il s’agit bel et bien d’une affirmation du corps féminin naturel et de son acceptation. Cette ré-appropriation de leurs corps est une forme d’empowerment des femmes. Ainsi, lutter contre la norme du glabre participe de la démystification de la sexualité féminine et de son épanouissement, dans la sphère publique comme dans la sphère privée. Mais le but de cet article est loin de constituer une apologie de la non-épilation : s’épiler ou non, c’est cette possibilité de faire un choix qu’il nous faut chérir. Les diktats de beauté pesant sur les femmes nient la réalité plurielle des corps et des sexualités, que nous souhaitons ici laisser s’épanouir. Cela nécessite forcément une prise de conscience des rapports de pouvoirs sous-jacents cette pratique que nous entretenons avec notre corps.
En bref, faire la peau aux clichés du poil, c’est crier haut et fort :
- Les poils, ça a de tout temps et partout été enlevés chez les femmes – FAUX
- Aimer le corps épilé est un choix individuel pur et dur – FAUX
- Un corps épilé est nécessaire aux rapports sexuels hygiéniques – FAUX
- Et, surtout, les femmes qui ne s’épilent pas combattent la dictature du poil en imposant une dictature du non-poil – FAUX, que chacune fasse comme elle le souhaite et qu’on accepte enfin une réalité plurielle.
Si l’argument sanitaire des pratiques de dépilation est facilement détournable, celui de son critère esthétique est bien trop ancré pour s’en détacher spontanément. Révéler la dimension sociale de ces goûts esthétiques que l’on considère comme individuels ne règle en rien le problème : les poils, on continue à trouver ça moche. C’est ici la dimension dynamique du processus d’appréciation d’une chose que nous souhaitons mettre en valeur : on peut parler d’une éducation au goût, et, donc, d’une rééducation à la beauté au prisme de la diversité. Ce travail est, selon moi, nécessaire au combat féministe. Accepter l’existence de corps « hors normes », marginaux, et affirmer leur visibilité sur la scène publique participe à cette ré-éducation au goût.
Reprenons les mécanismes d’instauration d’une norme : accentuer la visibilisation d’une chose permet de la banaliser et peu à peu de la rendre acceptable et acceptée, voire revendiquée. S’habituer à la pilosité féminine, c’est peu à peu accepter voire intégrer sa beauté. Il s’agit donc ici de se rééduquer à la diversité : oui, la rondeur des hanches est belle, oui la cellulite est belle, oui la peau graveleuse est belle, oui les poils sont beaux. Ils peuvent être blonds et fins, dorés au soleil, ou noirs et frisés, roux ou bien drus, la diversité est là, et c’est cette pluralité de réalités des corps que nous devons accepter pour nous accepter nous-mêmes, non ?
Par Swati DEVICHI
Bibliographie :
Marie-France AUZÉPY, Anne FRIEDERIKE MÜLLER-DELOUIS et autres, Histoire du poil, 2011
Christian BROMBERGER, « Trichologiques. Les pratiques de l’épilation », Un corps pour soi, 2005
Mona CHOLLET, Beauté fatale : Les nouveaux visages d’une aliénation féminine, 2012
Christine Detrez, La construction sociale du corps, 2012
Mary DOUGLAS, De la souillure, 1971
Germaine GREER, La femme eunuque, 1970
Amélie LAPRADE et Richard POULIN, « Hypersexualisation, érotisation et pornographie chez les jeunes », 2016
Karín LESNIK-OBERSTEIN, The last taboo : Women and body hair, 2011
Juliette SAROYAN, « De la cire au laser : l’adieu aux poils dans la société française contemporaine ? Contribution ethnologique à l’étude des pratiques et des représentations autour de la pilosité », 2012
Cassandre VILLE, « L’intériorisation des normes. Une analyse discursive des pratiques dépilatoires des femmes à Montréal », 2016
Naomi WOLF, Quand la beauté fait mal. Enquête sur la dictature de la beauté, 1991
Sitographie :
Shanon ROSENBERG, « 23 choses sur le poils pubiens que vous devriez savoir », sur Buzzfeed : https://www.buzzfeed.com/fr/shannonrosenberg/23-choses-sur-les-poils-pubiens-que-vous-devriez-s
Liens photos :
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Entreprise
Qu’est-ce que le “Brand Marketing” et en quoi est-ce utile ?
Published
1 an agoon
10/03/2022
Dans de nombreux cas, pour réussir, il est nécessaire de se démarquer des autres entreprises ou marques qui proposent un produit ou un service similaire ou identique. C’est là qu’intervient le brand marketing ou plus simplement, le branding, un outil essentiel pour le succès d’une entreprise et pour créer l’image avec laquelle le public s’identifiera à cette marque. Nous expliquons ci-dessous ce qu’est cette stratégie marketing et en quoi elle consiste.
Qu’est-ce que le marketing/la stratégie de marque ?
Le marketing ou l’image de marque est la clé du succès d’une entreprise. C’est le processus qui comprend tout le travail effectué pour construire une marque. Ce processus va de la conception du logo au choix des couleurs de l’entreprise, en passant par le ton communicatif, les valeurs, le message à transmettre, l’e-réputation voulue etc… Toutes les actions qui tournent autour de la création d’une marque font partie de la stratégie de marque.
C’est un travail long et compliqué, car toutes ces actions visent à faire de la marque un point de référence et à faire en sorte que les consommateurs l’aient toujours à l’esprit, directement ou indirectement.
Si l’on dit qu’il s’agit d’un processus long et compliqué, c’est parce que la stratégie de marque commence dès la naissance de l’idée de créer une entreprise. À partir de ce moment, toutes les actions ultérieures sont incluses dans le marketing de marque : création d’un nom, création d’une identité d’entreprise, positionnement, fidélité à la marque et structure de marque.
Aspects clés du brand marketing
Pour que tout le travail porte ses fruits et que l’entreprise connaisse le succès, il est nécessaire de prendre en compte certains aspects clés :
Le public cible : il est très important d’identifier le profil qui sera intéressé par ce que la marque propose. Vous ne pouvez pas attirer un jeune public de la même manière qu’un public plus adulte, ni attirer l’attention d’un public féminin de la même manière que celle d’un public masculin. Une fois que vous avez identifié le profil du client potentiel, vous devez vous mettre à sa place pour savoir ce qu’il pense, ce qu’il ressent, ce dont il a besoin…
Envoyer un message clair et direct : une fois que tout ce qui précède est clair, l’étape suivante consiste à lancer un message pour capter l’attention du public. Ce message doit être direct et le plus court possible. Il s’agit de donner des informations sur le produit ou le service qui, en plus d’être concrètes, parviennent à susciter l’intérêt du public.
Établir un lien avec le public : il ne suffit pas que le public aime ce que la marque propose. Le public doit se sentir identifié au message transmis. Il est très important que le public auquel le message est adressé ait le sentiment que la marque connaît très bien ses sentiments, ses besoins, ses inquiétudes… De cette façon, il fera beaucoup plus confiance au produit ou au service et votre e-réputation n’en sera que meilleure.
Nous pouvons constater que dans le brand marketing, tout tourne autour du public. Pendant tout le processus de création, il est très important de tenir compte du type de profil qui sera intéressé par ce produit ou service afin de créer une image qui attire l’attention de ce type de personnes en particulier, car ce sont précisément elles qui peuvent devenir des clients potentiels.
Conseils pour appliquer le marketing de marque à votre entreprise
Comme nous l’avons déjà mentionné, le travail de brand marketing commence dès l’instant où naît l’idée de créer une entreprise.
ela signifie qu’il est nécessaire de commencer par choisir un nom, un logo, une charte graphique, des valeurs, un ton communicatif… Lorsque l’entreprise est déjà créée et a une structure définie, il est temps de la montrer au monde.
Voici quelques conseils pour commencer à appliquer le marketing de marque à votre entreprise et qui vous aideront à faire, au moins, les premiers pas vers le succès.
Soignez vos campagnes de marketing, car la manière dont vous vous présentez et dont vous vous adressez au public est essentielle. Il est clair que faire quelque chose d’original et d’accrocheur peut être crucial pour le succès, mais il est important de toujours rester dans la même ligne. Nous entendons par là que, dans l’originalité, il est important de ne pas perdre la cohérence.
Méfiez-vous des changements brusques, car ils peuvent être mal accueillis. Avant d’effectuer un changement dans le logo, dans le design du produit, dans la manière de communiquer avec le public… il est nécessaire de l’étudier longuement et d’évaluer les réactions possibles du public. Les changements ne sont pas mauvais, mais vous devez toujours tenir compte de l’opinion du public.
Concentrez-vous davantage sur la marque que sur le produit afin que le public se souvienne de vous. L’une des actions de branding les plus réussies a été de se concentrer sur la marque plutôt que sur le produit. Bien que cela ne soit pas applicable à toutes les entreprises, c’est un moyen d’ajouter de la valeur aux futurs produits ou services.
Essayez de rester au courant de tout pour capter l’attention du consommateur. Connaître les préoccupations, les inquiétudes ou les sentiments des consommateurs, entre autres, peut être d’une grande aide pour orienter une campagne de marketing vers ce qui attirera le plus l’attention. Pour connaître ces informations, il est nécessaire de connaître les modes, les tendances, la situation sociale actuelle… Toutes les informations du présent peuvent être utilisées pour réaliser une bonne campagne publicitaire.
Comme nous l’avons déjà mentionné, le marketing de marque est un processus long et complexe. En fait, c’est un travail qui peut prendre des mois, voire des années, selon la taille de l’entreprise. Tout doit être choisi avec grand soin car chaque élément, du logo à la campagne publicitaire, a un impact sur le public et de facto sur votre e-réputation.
Voir plus d’information sur l’e-réputation.
Genre et communication
Les Masculinismes, Analyse de discours antiféministes
Published
3 ans agoon
13/02/2020
Le masculinisme, équivalent au féminisme ? Une définition critiquable (et surtout de mauvaise foi)
Sur le CNRTL, le masculinisme n’a rien d’une définition sociale, c’est une définition purement biologique “Qui est propre à l’homme en tant qu’être humain du sexe doué du pouvoir de fécondation.” Toutefois, des groupuscules masculins ont repris le terme pour en désigner un mouvement de “lutte”, équivalent au féminisme, ou dans la pratique contre le féminisme. Je n’ai trouvé qu’une définition sur wikipédia reprenant la définition du dictionnaire terminologique québécois qui dit : Le masculinisme, ou hominisme, désigne un mouvement qui se préoccupe de la condition masculine et qui cherche à promouvoir les droits des hommes et leurs intérêts dans la société civile, à l’image du féminisme”
Patrick Guillot, grand gourou masculiniste dit même sur son site “la cause des hommes” (la-cause-des-hommes. / com) préférer le termine “hoministe” car il se dit vouloir résoudre les problèmes des deux genres (à compter qu’il n’y en ai que deux, dans sa vision des choses). Pour lui le féminisme n’envisage les problèmes sociétaux que du point de vue d’un genre alors que « les problèmes concernent les deux ». L’hominisme serait donc un prolongement du féminisme à l’échelle de l’humain. Cette définition très diminutive prétend alors que le féminisme ne se penche que sur des problèmes exclusivement féminins et ne prend pas en compte la complexité des rapports de forces. Il prétend que le féminisme ne cherche pas l’égalité des gens dans les instances de société. De ce fait, le dit masculinisme se place comme anti-féminisme, qu’il considère comme l’idéologie dominante de la société aujourd’hui.
Stratégies de légitimation masculiniste et discours antiféministes
- Une communication “politique” numérique en opposition au féminisme.
Dans la pratique, bien entendu, les discours masculinistes/hoministes sont tout sauf humanistes et égalitaires dans la mesure où ils ne cherchent qu’à faire perdurer les logiques patriarcales pré-existantes.
Dès le deuxième article du manifeste hoministe du site évoqué précédemment, il s’agit exclusivement de masculinité. Seul les “hommes” sont concernés et aucune place n’est laissée aux femmes. Pour citer l’article : “Les hoministes ne se reconnaissent pas dans les stéréotypes sociaux masculins, qui sont des constructions culturelles passagères. Ils s’efforcent de découvrir et de cultiver leur identité réelle, tout en développant de nouvelles manières d’être au masculin”. Difficile de se revendiquer humaniste quand l’intérêt d’un unique genre y est développé.
Toutes leurs mesures cherchent par ailleurs à renforcer la place des hommes dans la société :
Le quatrième article parle d’accroître la place des hommes dans les domaines professionnels de la santé, du travail social, de l’éducation et de la justice. En analysant un petit peu, on comprend alors qu’il s’agit de garder les hommes dans leur position de domination. Même dans les domaines dits «féminins », ils dominent et assoient leur légitimité. Nicky Le Feuvre et Isabelle Zinn montrent dans « Ambivalent Gender Accountability Male florists in the Swiss context” (https://journals.openedition.org/rsa/1027) que les hommes fleuristes réussissent mieux que les femmes alors qu’ils sont moins nombreux (81% des fleuristes sont des femmes en France). Lors d’un concours prestigieux, ou quand on monte en grade professionnel, ce sont les hommes qui sont le plus valorisés. Pour des activités égales, les hommes sont mis en avant et les femmes sont considérées de l’ordre de l’habituel et du banal. Pour donner quelques chiffres, durant la Coupe de France des fleuristes en 2016 et en 2017, on comptait 55% de femmes parmi les finalistes, 33% parmi les lauréat.e.s pour seulement 1/6 du jury.
Les masculinistes, toujours selon Patrick Guillot, cherchent à trouver des solutions à la sous performance scolaire des garçons. Certes, la plupart des sociologues du genre montrent que les jeunes filles réussissent mieux à l’école que les garçons. Mais au final, ce sont eux qui se retrouvent dans les filières les plus sélectives. L’évolution des filles dans le milieu scolaire est celui-ci : seconde : 53%, 1ère S : 47%, prépa scientifique : 30,2%. Or les filières scientifiques sont aujourd’hui réputées pour être les plus sélectives.
Les masculinistes veulent également une éducation égale entre père et mère “selon le principe qu’un enfant a deux parents pour la vie”. C’est donc une vision très réductrice de la famille. De plus, ils tentent de dénoncer l’idéologie misandre et “combattent fermement tout déni, discrédit, discrimination, accusation et réécriture de l’histoire diffamante à l’encontre de la moitié masculine de l’humanité”. Cette requête pose un problème : les masculinistes ne questionnent pas l’histoire dans ce qu’elle peut avoir de diffamant envers les femmes. Il est connu que l’Histoire est une construction biaisée de la réalité, un discours de communication qui a été écrit en grande majorité par les hommes – dans la mesure où accès à l’éducation leur a longtemps été réservée. L’Histoire telle que nous la connaissons est une transcription masculine du passé, ce qui rend ce propos masculiniste incohérent. Il nie le processus de fabrication de l’Histoire qui leur est favorable. Les grands hommes font l’histoire, donnent leurs noms aux stations de métro et aux établissement, mais pas les femmes.
- Le masculinisme comme un discours plus qu’une idéologie valable

Francis Dupuis-Déri, politologue, est passé dans une émission “Contre la rhétorique masculiniste” pour le podcast “Les couilles sur la table”. Il y développe le sujet de son livre Crise de la masculinité, autopsie d’un mythe tenace. Pour lui, le discours masculiniste tient à dire que le féminisme brime les hommes. C’est bien sûr une représentation fantasmée plus qu’une réalité sociale, politique ou culturelle. C’est un discours qui est principalement élitiste. Dupuis-Déri explique également que ces discours-ci et ces arguments diffèrent selon le clivage politique :
Tout d’abord, le discours le plus à droite est lié au nationalisme, donc à des sujets tels que l’avortement, la baisse démographique… ou encore l’accusation que les féministes masculinisent les femmes, qui ne veulent plus avoir d’enfants. Corrélé à ces logiques, on y trouve la théorie du Grand Remplacement (ou Le premier sexe de E.Zemmour, à ne pas lire si l’on est sensible, nous posons un “trigger warning”).
Ensuite, le discours de la gauche développe l’idée que les sociétés occidentales sont féminisées et que les femmes ont pris de l’influence. On peut prendre pour exemple la conférence d’Alain Badiou consacré au féminin, mais qui ne cite que des auteurs masculins (ce qui pose en soi déjà un point de tension). Badiou pense que dans les banlieues, les jeunes filles réussissent bien mieux que les garçons. Elles vont donc devenir des consommatrices et ainsi être enrôlées dans le capitalisme alors que les garçons resteraient des sortes de sous-prolétaires oubliés. Il y a par ailleurs cette notion stipulant que l’ennemi principal est le capitalisme et que le féminisme détournerait les luttes de cette problématique économiques majeure. Cela exclut donc cruellement les courants de la pensée féministe qui se veulent anti-capitalistes.
On peut également et surtout citer Stéphanie Kunert dans son article de juin 2017 “Stratégies de légitimation et configurations discursives de la « cause des hommes », que nous vous invitons à lire directement (https://journals.openedition.org/edc/6802). Elle y explique que l’expression « cause des hommes » rassemble en partie tout ceux soutenant la thèse d’une « crise de l’identité masculine » et d’un traitement social globalement défavorable aux hommes, comme nous l’avons évoqué plus haut.
Exemple de groupes sociaux masculinistes créés sur différents espaces
On distingue deux types de prise d’espace. Non seulement il y a des groupes très définis avec des revendications officielles, mais il y a aussi beaucoup d’individus isolés qui viennent prendre la parole sur les réseaux sociaux dès qu’une femme parle de féminisme.
- Des groupes officiels
Les célèbres INCELS (ou Involuntary Celibates) sont une sorte de consortium regroupant les communautés en ligne réputées misogynes, et dont les membres se définissent comme étant incapables de trouver une partenaire amoureuse ou sexuelle. Selon leur discours misogyne et violent, ce serait à cause des femmes devenues trop indépendantes et/ou trop masculines qu’ils seraient célibataires. Oui parce qu’ils s’agit presque exclusivement d’hommes hétérosexuels, blancs, plutôt jeunes, vivant surtout aux Etats-Unis et souvent racistes.
Les membres de cette communauté groupe décrivent les femmes comme étant des « femoïdes » (« femoids ») ou des « Stacys », femmes désirables mais superficielles ou « Beckys », désignant les femmes moins attirantes ; les hommes ayant facilement des rapports sexuels étant désignés comme des « Chads »..
Là où ce masculinisme est davantage inquiétant, c’est est qu’il cause des morts. L’exemple revenant souvent est la tuerie d’Isla Vista en 2014. L’auteur, Elliot Rodger, s’est déclaré incel et a laissé derrière lui un manifeste de 137 pages ainsi que des vidéos sur YouTube relatant la façon dont il voulait se venger pour avoir été rejeté par les femmes. Il était un membre actif d’une communauté incel appelée PUAHate (abréviation de « pickup artist hate »), et l’avait mentionné plusieurs fois dans son manifeste.
Plus récemment, en avril 2019, Alek Minassion a assassiné à Toronto une dizaine de personnes. Surprise, il s’avère qu’il était particulièrement actif sur des réseaux incels et qu’il ne s’en cachait même pas. Pour le citer, cet acte relevait de « la rébellion des Incels [qui] a déjà commencé. On va renverser tous les “Chads” et “Stacys”. » Nous souhaitons mettre en lumière la misogynie et la glorification de la violence qui sous-tendent de nombreuses communautés incel.

Nous pouvons aussi citer cette “Idéologie de la pilule noire”, qui est une croyance courante stipulant que le fatalisme et le défaitisme sont pour les personnes peu attirantes des sortes de pilules noires. Beaucoup d’incels pensent que la société est gynocentrique et que les femmes sont prédisposées à l’hypergamie. Le terme « pilule noire » a été inventé sur le blog Omega Virgin Revolt. Quelqu’un qui a métaphoriquement « avalé la pilule noire » a été « blackpilled », et est arrivé aux « réalisations réelles ou perçues socialement exprimées qui viennent du fait d’être un incel de longue date ».
Si nous prenons d’un point de vue sémiotique le site web des INCELS, à droite nous voyons les nouvelles publications. Parmi celles-ci :
- “I am Getting an Escort, fuck it”, ce qui renvoie à l’idée de frustration sexuelle
- “I don’t want to not care for a girl and treat her like shit” renvoie à la perception que les hommes ont d’eux-mêmes, jugeant qu’ils mériteraient d’avoir quelqu’un.
Un autre exemple très élitiste est celui de l’Ecole Major
Ce sont donc des cours qui peuvent intéresser ces hommes en manque de virilité mais la virilité s’achète.

Rien que le fait que l’on vous propose de payer la modique somme de 67€ pour de jolis conseils montre que ce masculinisme concerne une certaine catégorie de la population.
Ils développent le concept de “Mentalité supérieure”, pour les citer :
“Ce que l’on entend plus nulle part. Ni de nos pères. Ni à l’école. Ni à l’Eglise. Ni à la TV. Nulle part. Nous vivons dans une société qui demande de plus en plus une formation de philosophie virile de vie pour survivre et réussir, mais qui en fournit pourtant de moins en moins. Paradoxe ? Logique. Dans cette société nihiliste et égalitaire, il vaut mieux que vous soyez une flaque sans caractère, sans force, sans indépendance, sans culture, sans but, sans clan, sans racines, sans spiritualité – en un mot, sans virilité – car elle vous veut domestiqué, passif, consommateur, pacifié, lâche, et un peu en échec, de sorte à ce que vous soyez dépressif, et donc plus exploitable encore. Il y a encore 50 ans, les hommes apprenaient de leurs pères les références mentales, culturelles et morales essentielles à leur développement et à leur épanouissement. Aujourd’hui, il n’y en a plus. Ces références ont été diabolisées, caricaturées et dissimulées.”
Pour faire court, selon eux, la société s’est tellement féminisée qu’on apprend plus aux hommes à être des “vrais”. Ces masculinistes défendent une masculinité virile hégémonique, culturelle, politique et sociale.

- Des individualités masculinistes qui s’expriment en dehors de leur espace privé
Récemment, sur Twitter a été définie la “pp manga Twitter”, autrement dit un groupe social d’hommes dont les caractéristiques sont de revenir sans cesse sur les arguments féministes et d’insulter sans complexe chaque femme qui poste quelque chose de “subversif” selon eux. C’est traiter de put* celles qui ont une opinion ou qui ont une certaine liberté avec leur corps, en discréditant au passage les travailleuses du sexe. Si au fondement ce ne sont que quelques individus se retrouvant autour des grands personnages de masculinité virile dans les mangas, c’est allé bien plus loin que ce simple univers. Ils sont devenus un groupe social à part entière, une communauté twitter, non officielle mais actée. Les communautés féministes, antiracistes et lgbtqi+ se sont approprié le terme “le pp manga twitter” ou “le FC pp manga” pour y regrouper ces individus problématiques, sexistes, homophobes et souvent racistes qui se retrouvent dans leurs tweets (mentions). C’est alors devenu commun de se revendiquer comme appartenant au “FC pp manga” lorsque son opinion est que “la société se dégénère à cause des lgbt et des put*”.
Leurs principales opinions sont donc :
- que la femme se dénigre lorsqu’elle revendique une quelconque liberté
- que les féministes sont dans l’excès car les hommes souffrent aussi. On retrouve souvent ce schéma de victimisation des hommes qui seraient le souffre douleur de la société actuelle
- que les lgbtqi+ annoncent la fin de l’humanité et qu’ils revendiquent trop de choses tout en imposant leur “lobby”


Le masculinisme se manifeste donc sous plusieurs formes, et représente plus un discours irrationnel qu’une réelle revendication, dans la mesure où leurs idéologies sont fondées sur de la mauvaise foi et des mots creux. Ce n’est évidemment pas un équivalent au féminisme et cela ne le sera jamais. A contrario, les discours masculinistes sont comme nous l’avons prouvé, des discours profondément anti-féministes, voir misogynes, qui prônent une conservations des structures patriarcales.
Lucie Ratier et Mélanie Fiton.
Genre et communication
Les personnes intersexes, victimes d’une discrimination silencieuse
Published
3 ans agoon
11/12/2019
« Avons-nous vraiment besoin d’un vrai sexe ? ». C’est la question qui est posée dans la préface de l’ouvrage de Michel Foucault, Les mémoires d’Herculine Barbin.
La société actuelle et occidentale fonctionne sur la logique de bi catégorisation des sexes, une logique qui voudrait que nous ne pouvons pas « être » sans « être homme » ou « être femme ». Mais finalement, comment définir le sexe ? Pouvons-nous réellement affirmer qu’il n’en existe que deux ?

Une binarité sexuelle naturelle ?
Dans son ouvrage Sexing the Body, Anne Fausto-Sterling remet en cause le modèle standard de la binarité de l’identité sexuelle et de la distinction sexe/genre. Selon elle, « la masculinité complète et la féminité complète représentent les extrémités d’un spectre de types de corps possibles ». En cela, elle tente de faire valoir qu’il existe plusieurs types de sexes entre les deux extrêmes homme/femme.
Ainsi, dire qu’il n’existe que deux sexes serait une affirmation clairement insuffisante, pour ne pas dire fausse. Et pourtant, la jurisprudence semble nous avoir confirmé le contraire : « tout individu, même s’il présente des anomalies organiques, doit être obligatoirement rattaché à l’un des deux sexes, masculin ou féminin, lequel doit être mentionné dans l’acte de naissance » (Cour d’appel de Paris, 18 janvier 1974). Cette obligation repose sur la conviction que le sexe d’une personne « fait partie des marqueurs essentiels de son identité » et que toute personne « est de sexe soit masculin soit féminin ». Le législateur ne considère pas l’hypothèse où le sexe de l’intéressé.e ne peut pas être déterminé avec précision à titre définitif. La loi française ne permet donc pas de faire figurer, dans l’état-civil, l’indication d’un sexe autre que masculin ou féminin. L’État français considère la binarité sexuelle comme naturelle et nécessaire à l’organisation sociale et juridique.
Qu’en est-il alors des personnes qui ne se reconnaissent dans aucune de ces deux catégories ?
Cela peut être le cas des personnes intersexes. L’intersexuation apparaît comme une remise en cause totale de la manière dont le sexe, le genre et les différentes identités sexuelles et de genre sont pensées par la société. Elle est assez complexe à définir et peut recouvrir des réalités très différentes, les Nations Unis la définissent ainsi : Il s’agirait de « personnes nées avec des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux définitions typiques de « mâle » et « femelle » ». L’intersexuation peut se manifester sur plusieurs plans, sur le plan physique, par exemple dans l’apparence des organes génitaux externes ou internes, mais aussi sur le plan hormonal, gonadique, chromosomique ou encore anatomique.
Il est important de se rendre compte de l’importance du phénomène de l’intersexuation, qui est bien souvent ignoré par la grande majorité de la population, ou largement sous-estimé en termes de chiffres. L’ONU estime que chaque année, 1,7% de nouveau-nés sont intersexes (se dit aussi « intersexué.e.s »). La terminologie même de l’intersexuation est problématique et témoigne de la norme binaire qui entoure les sexes et le genre. En effet, les termes les plus souvent utilisés pour parler d’intersexuation sont ceux d’« ambiguïté sexuelle », d’ « intersexualité » , ou encore de « variations du développement sexuel » (expression employée dans le rapport du Sénat de 2017). Ces termes sont souvent considérés comme inappropriés voir insultants car ils font référence à quelque chose d’anormal (le terme d’ambiguïté démontre en effet qu’il y a quelque chose de flou et de contre-nature), de même que le terme d’intersexualité fait référence à la sexualité, alors qu’il ne s’agit pas d’une orientation sexuelle.
Dans le langage courant, l’intersexuation est souvent confondue avec l’hermaphrodisme. L’hermaphrodite est un personnage de la mythologie grecque disposant des deux organes génitaux fonctionnels (mâle et femelle), ce qui n’est pas le cas des personnes intersexes. La terminologie est donc difficile et témoigne d’un malaise, d’une gêne et d’une exclusion de ces personnes. Aux États-Unis par exemple, on parle de « disorders of sex development » pour remplacer le terme d’hermaphrodisme mais ce terme pose problème également dans la mesure où il suppose que l’intersexuation est pathologique. Cette maladresse dans la nomination de l’intersexuation et son euphémisation en termes de chiffre empêche toute prise de conscience sur la discrimination réelle que subissent les personnes intersexes.
Tensions et débats autour du « traitement médical » imposé
Bien que l’invisibilisation de ces personnes soit avérée, une décision a récemment réactivé le débat et créé des tensions en ce qui concerne le traitement médical de l’intersexuation.
Ce mardi 8 octobre 2019 à l’Assemblée Nationale, une longue discussion s’est produite. D’après la presse, ou en tout cas d’après la majorité des médias nous informant du débat (La voix du nord, Libération, Francetvinfo, Le Figaro, LCI, et j’en passe…), les députés auraient voté un amendement en faveur « d’une meilleure prise en charge des enfants intersexués ». En effet, lorsque l’on tente de s’informer sur ce qu’il s’est passé à l’Assemblée ce mardi, on tombe sur des titres d’articles très positifs voir prometteurs. On parle d’« avancée », de « prise en charge », de « protection », de « considération, enfin ! » pour les personnes intersexuées.
Pour autant, cet amendement laisse une inquiétante zone d’ombre sur le problème réel qui entoure la question des enfants intersexués. Celle du traitement médical, ou plus précisément, des mutilations génitales des corps de ces enfants. La France a déjà été rappelée trois fois à l’ordre par l’ONU sur cette question en 2016. Une fois par le Comité des Droits de l’Enfant, une fois par le Comité contre la torture, une fois par le Comité pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes. Ce qui n’empêche aujourd’hui toujours pas les opérations mutilatrices d’être pratiquées.
L’amendement adopté permettrait de systématiser « l’orientation des enfants nés intersexes vers les quatre centres de référence des maladies rares du développement génital, à Lille, Lyon, Montpellier et Paris ». C’est à se demander comment mettre des enfants dans des centres spécialisés sensés traiter des « maladies » pourra les aider à se sentir normaux et acceptés au sein de cette société… comme s’il s’agissait véritablement d’une avancée. Il est également précisé que « le consentement du mineur doit être systématiquement recherché s’il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la décision ». Cette phrase est assez comique, voir antithétique, étant donné que la grande majorité des opérations sont réalisées à un âge extrêmement jeune. Si jamais l’enfant est capable de décider par lui-même on le laissera faire, or dans la pratique cela n’arrive pas car les opérations se réalisent souvent à partir de deux ans, un âge où la capacité décisionnelle n’est pas exactement atteinte. On se trouve donc devant un amendement voté à 91 voix contre 3 qui est alors l’art de conserver l’ordre établi en faire semblant de changer les choses.
Un seul amendement lors de ce débat a été proposé qui aurait pu avoir un réel impact sur la maltraitance des personnes intersexuées. Un amendement proposé par La France Insoumise, qui parlait de la suppression de toutes interventions chirurgicales hors nécessité vitale immédiate. L’amendement a été rejeté. 19 voix pour, 89 contre. Les politiciens ont donc décidé à la place des personnes concernées. Agnès Buzyn nous informe que selon elle, cet amendement n’était pas la bonne solution. Le gouvernement de La République en Marche a donc voté en conséquence, contre la suppression des actes chirurgicaux. Tel a été l’ordre du gouvernement. Tel a été l’ordre de la ministre de la santé. Ordre d’une ministre qui n’a pas hésité à qualifier il y a tout juste un mois l’intersexuation de « maladie rare du développement génital ».
L’argument de la « maladie » et « l’hybridité » pour justifier les mutilations
Une « maladie »…. L’intersexuation n’est ni une maladie, ni une pathologie, ni un trouble, ni un désordre du développement sexuel, ni une anomalie, ni une ambiguïté, ni une erreur de la nature. C’est à cause de cette idée pathologisante que ces interventions chirurgicales de conformation sociale des corps se voient justifiées et légitimées. Selon le code civil, ces interventions ne sont considérées comme légales que lorsqu’il y a « nécessité médicale ». C’est là que réside tout le problème. Ce sont les médecins qui déterminent cette soi-disant nécessité, qui dans la majorité des cas, n’en est absolument pas une.
Les personnes intersexuées ont longtemps été considérées comme des êtres « hybrides », des « monstres » appartenant à un entre-deux, une sorte d’erreur de la nature, comme des individus souffrant d’une maladie qu’il faudrait corriger. La norme sociale de binarité des sexes régit le corps médical par le biais d’interventions chirurgicales, qui décide donc de l’identité sexuelle des individus intersexes. Ces interventions de « rectification du sexe » peuvent être de différents types : assignation sexuelle irréversible, stérilisation forcée, infertilité définitive, chirurgie normalisatrice de l’appareil génital, vaginoplastie, clitéroplastie…etc. Ces opérations sont décrites dans l’article d’Amélie Gogos-Gintrand, Intersexualité : binarité des sexes, médecine et droit. (https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02237524)
Lorsque ces enfants souffrent de ce qu’on appelle l’« hypospadias » ( une « anomalie » congénitale du pénis), les points de suture sont nombreux, et l’opération requiert parfois des greffes de peau. Lorsqu’on assigne à un enfant intersexe le sexe masculin, alors il est possible qu’il subisse jusqu’à trois opérations du pénis lors des deux premières années de sa vie, voir d’autres durant son adolescence. Dans certains cas, les cicatrices peuvent être multiples et le risque d’une immobilité du pénis est possible.
A l’inverse, lorsque l’on assigne aux enfants intersexes un sexe féminin, une opération de « réduction du clitoris » est envisageable, ou encore une intervention bien plus lourde de conséquences comme celle de la « construction ou expansion vaginale » ou encore la « réduction labio-scrotale ». Dans le cas d’une construction artificielle de vagin, des techniques imposent aux médecins, puis aux parents pendant toute l’enfance et l’adolescence de l’enfant, d’introduire régulièrement dans le vagin ou néo vagin un dispositif (appelé bougie), afin d’éviter que le vagin ne se referme et ainsi de « féminiser » les enfants intersexesdestinés à être des filles.
Risques et traumatismes
Ces techniques sont qualifiables pénalement de mutilations génitales ou de viols. La chirurgie vaginale peut provoquer de fortes douleurs chroniques, peut également supprimer le plaisir sexuel, ou provoquer l’infertilité. Les conséquences sur la santé des personnes intersexes sont extrêmement lourdes, même des années plus tard (certains en témoignent, notamment Vincent Guillot, un des fondateurs de l’Organisation mondiale de défense des intersexes). Elles sont pour la plupart très risquées et sont souvent traumatiques. Pour Elsa Dorlin, le traitement médical des enfants intersexes ne sert pas à leur attribuer un sexe (car ils en ont déjà un) mais plutôt à leur donner le « bon sexe » afin qu’ils disposent d’un « comportement sexuel cohérent », en ce sens on entend surtout l’hétérosexualité.
Cette norme de binarité empêche toute hypothèse de l’existence d’une pluralité d’identités sexuelles et de genre, elle engendre une forte pression sociale et médicale sur les individus intersexués de par la nécessité de les catégoriser. Le traumatisme est violent chez l’enfant mais la situation des parents n’en est pas moins difficile. La décision est prise sous une forte pression médicale, juridique et sociale, avec ce besoin sans cesse de catégoriser l’enfant, de lui donner une identité sociale pour que son éducation ne soit pas déstabilisée. On s’aperçoit alors que toutes ces opérations ne répondent en fait qu’au besoin d’identité, elle est considérée comme nécessaire dans notre société car elle contribue à la stabilité et au maintien de l’ordre social et juridique. L’urgence médicale se voit renforcée par la loi étant donné que l’assignation d’un sexe dans l’état-civil doit souvent se faire dans un très court délai. Le corps médical répond à une norme sociale de binarité de l’identité sexuelle et de genre qui est elle-même institutionnalisée par le droit via l’état civil.

Une question essentielle se pose alors : Ya-t’il vraiment besoin de la mention de sexe et de genre dans l’état-civil ? Aujourd’hui, cette mention est un outil de discrimination envers les personnes intersexes. L’intersexuation est rejetée dans tous les domaines de la vie, au niveau juridique par l’obligation d’inscrire cette mention, et elle est supprimée par l’ordre médical avec la conformation des corps. L’identité sexuelle est bien sociale et culturelle, elle se définit par le domaine médico-juridique, et non pas par la nature.
Vouloir conserver une société binaire et hétéronormée : empêcher l’auto-détermination ?
Oui, la médecine et le droit sont des instances de pouvoir. Ces institutions contribuent à conserver un ordre social basé sur la binarité de l’identité sexuelle et de genre. Ni l’une, ni l’autre n’est une instance objective et neutre. Elles disposent d’un droit de propriété sur les personnes intersexuées. Elles décident de leur sexe, de leur genre. Elles leur imposent une identité. JanikBastien-Charlebois, intersexe et professeure au département de sociologie à l’université du Québec à Montréal, en témoigne :
« En étant placées en état d’exception, nous, personnes intersexuées ou intersexes qui avons subi des transformations de notre sexe sans notre consentement, apprenons tôt que notre corps ne nous appartient pas, qu’il est si repoussant aux yeux des parents ou des autorités médicales que ceux-ci s’estiment parfaitement justifiés de porter atteinte à notre intégrité physique. Nous apprenons que notre avis et la vision que nous entretenons de notre corps ne comptent pas. »
Dans le but de conserver une société binaire et hétéronormée, dans le but de contrôler, surveiller, éviter toute déviance à la norme des sexes. Les personnes qui ne correspondent pas à ces catégories ne peuvent pas vivre normalement. Il faut leur assigner un sexe, un genre, leur faire subir des opérations qui auront des répercussions inimaginables sur leur santé physique et psychologique durant tout le restant de leur vie.
Pour autant il en va du droit à l’auto-détermination. Il en va de la liberté dont devraient disposer tous les individus de choisir leur identité sexuelle et leur identité de genre, ou bien de la liberté de ne pas choisir, de ne pas se catégoriser. En ce sens, l’un des combats les plus importants des organisations de défense des intersexué.e.s est celui de supprimer toute mention d’appartenance à un sexe, quel qu’il soit, sur l’état-civil. L’enjeu de l’intersexuation aujourd’hui est de dépasser la classification binaire qui existe entre homme et femme et d’admettre qu’on a le droit de n’être ni l’un ni l’autre, tant socialement que dans le droit.
Foucault l’avait déjà bien expliqué. La médecine et le droit ont stratégiquement repris l’ancien rôle de l’Eglise (comme institution politique). Ce sont des instances de contrôle de la société qui ont pour rôle de catégoriser les sexes et les sexualités pour conserver l’ordre établi.
«Longtemps, les hermaphrodites furent des criminels, ou des rejetons du crime, puisque leur disposition anatomique, leur être même embrouillait la loi qui distinguait les sexes et prescrivait leur conjonction».
L’ouvrage de Foucault datant de 1976, traitant de l’histoire de la sexualité depuis le XVIe siècle est finalement encore terriblement d’actualité.
La rédactrice de cet article possède également un blog engagé autour des questions de genre et d’identité que vous pouvez consulter par ici : https://genderanger.home.blog/
Sources photos : https://www.komitid.fr/2018/10/12/3-questions-a-lil-activiste-intersexe-sur-les-reseaux-sociaux/
https://cia-oiifrance.org/2017/09/04/10-choses-a-savoir-sur-lintersexuation/
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