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Culture

Hunger, ou quand la faim dévore de l’intérieur

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Un style cru et sincère, c’est la recette en apparence simple que voulait suivre Roxane Gay dans Hunger, mais la simplicité ne suffit pas pour dire l’indicible. Pourtant, l’autrice se confronte avec brio à cette difficulté.

Hunger va vous bousculer. Bousculer vos idées préconçues, votre façon de voir les corps, à commencer par le votre. Dans cet essai autobiographique, Roxane Gay nous communique sa chute dans la dépression, puis dans la boulimie et l’obésité. Cette chute, c’est son premier amour qui en est la cause. Il était plus âgé, plus beau, plus « gentil ». Pourtant, c’est lui qui l’emmène dans une cabane au fond de la forêt, où des garçons de son âge l’attendent. Ils tiennent son petit corps écartelé et là l’autrice formule l’indicible.

Une condamnation sans faim

Alors, commence la construction d’une cage. L’écrivaine de Bad Feminist s’emprisonne dans un corps qu’elle entoure d’une structure épaisse. Cette dernière l’empêche de se déplacer, de sortir, de marcher Elle écrit « I ate and ate and ate in the hopes that if I made myself big, my body would be safe ». La jeune femme a toujours besoin de s’épaissir, encore et encore. Une faim insatiable que vous dévorez inlassablement au Iil des pages.

S’enfermer ou se dépasser

La réIlexion amenée par l’ouvrage devient plus large. Elle pose une question fondamentale sur la littérature. Comment l’écrivaine parvient-elle à décrire le moi ? Autrement dit, comment dire ce qu’on est à la première personne ? Il semble que la réponse de Gay soit la suivante : pour faire état d’un parcours singulier, il faut un style singulier. C’est pourquoi son livre est à la fois une autobiographie, un essai, une critique du système d’oppression Il est tout et rien à la fois, et ne correspond à aucun grand genre en particulier. Aucun code, aucune chronologie rigoureuse, juste 88 moments de souvenirs de l’histoire de son corps. Cette absence est à l’image même du sujet. Alors que son corps déIie la norme, son œuvre déjoue les codes de la littérature. Il n’y a qu’à travers cette forme libératrice que l’écrivaine peut exprimer tout le paradoxe de sa vie : chercher à échapper au monde en occupant l’espace. Et en même temps, elle utilise des procédés simples, à l’image de son propos. Comme par exemple la répétition ou le choix de mots crus. Ici, on parle des gros·sses, des obèses, des bisexuel·les, sans tabou. Finalement, Hunger n’est pas un exercice de style, mais l’authentique récit d’une vie. Ainsi, vous ne lirez pas la vie d’une femme de couleur en surpoids mais celle de Roxane : une femme, une grosse, une noire. Quoi de mieux que de s’avouer tel que l’on est pour dépasser les non-dits ?

L’Oppression

« Quand vous êtes en surpoids, à bien des égards, votre corps entre dans le domaine public. Il est constamment à l’af@iche. Les gens projettent dessus des histoires qu’ils s’inventent, mais la vérité de votre corps ne les intéresse pas du tout quelle qu’elle soit » (p.130). C’est ça être gros⦁se. C’est devoir accepter que le regard d’autrui sur votre corps vous juge sans arrêt, il punit votre déviance. Il vous touche, vous regarde, vous commente et Iinit par nier votre humanité. L’oppression est permanente. A cela, s’ajoute les inquiétudes des parents, des frères, des médecins, qui portent tous un peu le poids de la maladie.

Média, Média dis-moi qui n’est pas belle

EnIin, l’oppression est aussi exercée par un système médiatique qui vous rappelle votre déviance et votre lâcheté à chaque publicité Weight Watchers. On en vient même à capitaliser sur votre capacité à perdre du poids dans les émissions telles que Revenge Body, My 6oo-lb Life, ou encore The Biggest Looser. Et tout cet arsenal vient rappeler aux femmes obèses leur défaut de féminité, le manquement à leur devoir de beauté. Parce que oui, pour être femme, il faut être belle, et pour être belle il faut être mince. Et là c’est parti, on déploie les gros moyens : régimes amincissants, séances de sport à n’en plus Iinir… Mais attention mesdames ! Abdos fessiers uniquement ! Et prenez-garde, pas trop non plus, sinon c’est moche. Après tout, on sait bien que tout ce qui est ‘’trop’’ n’est pas féminin.

Il serait hâtif de dire que cet environnement médiatique produit la grossophobie ambiante. Néanmoins, il contribue à perpétuer les représentations attachées aux gros·ses. Elles culpabilisent car les seuls corps gros représentés sont en souffrance et doivent être réprimés. En fait, la monstration du gras n’est possible qu’à condition qu’il Iinisse par disparaître.

Un corps, encore

Avec Gay, vous prendrez conscience que son corps n’est pas qu’une prison sécuritaire. Au contraire, son corps est ce qu’elle reIlète aux autres ; et loin de le camouIler, elle l’expose. Il subit des maltraitances, des regards, des histoires d’amour malheureuses. Ce livre est l’histoire d’une faim triomphante sur un corps qui peine peu à peu à reprendre le dessus. Mais ce livre est aussi une critique profonde du système de domination des maigres, des blancs, et des hommes. En tout cas, sachez-le, que vous soyez féministe ou pas, seul Hunger déconstruira l’idée que votre corps peut se décharger de votre histoire.

Maëlys Poujol


Source en tete : https://www.booktopia.com.au/blog/2017/06/22/review-hunger-roxane-gay/?fbclid=IwAR3GqOTcbxDpSdToDwJ_430TaNsPQ8zc9ZI4aCtx_oTmVERPtBF9frEH3R0

Source image corpus : http://lorriegrahamblog.com/hunger-roxane-gay/?fbclid=IwAR0pMMDi77B6DGqzQuGAShrErbLUWdeQQ8EGA0dDNPDR25wQPgQNFxsZWbM

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Culture

Le mécénat universitaire français : une révolution silencieuse au service de l’excellence académique

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Mécénat universitaire français fondations universités partenariats entreprises

Un élan philanthropique sans précédent

Le mécénat d’entreprise français connaît une dynamique remarquable, avec plus de 172 000 entreprises mécènes en 2023 selon le dernier Baromètre Admical-IFOP, représentant un investissement de 2,9 milliards d’euros déclarés. Cette croissance exceptionnelle (+55% d’entreprises mécènes entre 2021 et 2023) témoigne d’un engagement croissant du secteur privé pour l’intérêt général.

Dans ce contexte favorable, l’enseignement supérieur et la recherche bénéficient d’un intérêt grandissant de la part des entreprises, qui y voient un investissement stratégique pour l’avenir. Les universités françaises, dotées depuis la loi LRU de 2007 d’outils dédiés comme les fondations universitaires et partenariales, ont su saisir cette opportunité pour diversifier leurs ressources et amplifier leur impact.

Des fondations universitaires qui font leurs preuves

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : trois universités sur quatre disposent aujourd’hui d’une fondation, permettant de collecter en moyenne 623 000 euros par an au titre du mécénat. Ces ressources complémentaires, bien qu’elles ne bouleversent pas les budgets universitaires, permettent de financer des projets innovants qui n’existeraient pas autrement.

Le réseau des fondations universitaires, qui compte déjà 48 fondations membres, illustre cette montée en puissance collective. Ces structures accompagnent leurs établissements dans la réalisation de leurs missions principales : recherche, innovation, formation et égalité des chances.

Les projets financés révèlent la diversité et la richesse des initiatives : 62% concernent des projets de recherche hébergés par des chaires, 52% portent sur le montage de formations universitaires innovantes, 48% soutiennent la recherche hors chaires, et 33% financent des bourses d’égalité des chances.

L’excellence d’un savoir-faire français

Cette transformation du paysage universitaire s’appuie sur l’émergence d’une véritable expertise française du fundraising académique. Cette professionnalisation se traduit par des succès concrets : certaines fondations ont collecté plusieurs millions d’euros, démontrant la capacité des universités françaises à attirer des financements privés significatifs.

Le parcours de Sandra Bouscal, forte de son expérience à l’INSEAD puis à Dauphine, illustre parfaitement cette réussite française. Son expertise a contribué à développer des méthodes adaptées aux spécificités françaises, créant un modèle original entre tradition républicaine et ouverture internationale.

Un impact territorial majeur

L’ancrage local constitue l’une des forces du mécénat universitaire. 88% des mécènes agissent au niveau local ou régional, une progression de 12 points par rapport à la précédente édition du baromètre. Cette proximité facilite les partenariats entre universités et entreprises locales, créant des écosystèmes d’innovation dynamiques.

Les universités de province tirent particulièrement leur épingle du jeu dans cette configuration, bénéficiant de relations privilégiées avec les acteurs économiques de leur territoire. Comme le souligne Thibault Bretesché, directeur de la fondation de l’université de Nantes : “La dynamique est plutôt positive. Nous avons déjà 23 projets au sein de la fondation ! Nous répondons à un vrai besoin des entreprises et de nos collègues.”

Des motivations alignées sur l’intérêt général

Les entreprises mécènes des fondations universitaires sont guidées par quatre motivations principales : l’incarnation de leurs valeurs (première motivation), le développement de liens privilégiés avec l’université, l’ancrage territorial renforcé, et l’implication de leurs collaborateurs dans des projets d’intérêt général.

Cette convergence d’objectifs entre monde académique et entreprises crée des synergies fécondes. Comme l’observe Patrick Llerena, directeur général de la fondation de l’Université de Strasbourg : “Je suis positivement étonné par l’écoute que nous recevons de la part de nos donateurs. L’université est souvent méconnue et peu appréciée. Mais, après avoir échangé, ils me disent souvent : ‘Je ne pensais pas que vous faisiez tout cela !’ On casse des barrières.”

Vers un modèle français d’excellence

Le développement du mécénat universitaire français s’inscrit dans une démarche d’excellence qui respecte les valeurs républicaines tout en s’ouvrant aux meilleures pratiques internationales. Contrairement aux modèles anglo-saxons, l’approche française privilégie la complémentarité public-privé plutôt que la substitution.

Cette spécificité française trouve son expression dans la diversité des projets soutenus et l’attention portée à l’égalité des chances. Les fondations universitaires ne se contentent pas de lever des fonds : elles créent des ponts entre l’université et la société, favorisant l’innovation et le transfert de connaissances.

Des perspectives d’avenir prometteuses

Malgré le contexte budgétaire contraint, 74% des entreprises mécènes souhaitent maintenir leur budget de mécénat au même niveau dans les deux prochaines années. Cette stabilité, conjuguée à la montée en puissance du mécénat de compétences (20% des mécènes en font une priorité), ouvre de nouvelles perspectives pour les universités.

L’essor du mécénat environnemental (près de 20% des entreprises mécènes soutiennent cette thématique) et le développement des partenariats innovants laissent présager d’un avenir prometteur pour cette collaboration public-privé exemplaire.


Le mécénat universitaire français illustre la capacité d’adaptation et d’innovation de notre enseignement supérieur. En réussissant à concilier excellence académique, ouverture sur le monde économique et respect des valeurs républicaines, il trace la voie d’un modèle original et performant au service de l’intérêt général.

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Culture

Céline Dion, atteinte d’une maladie neurologique rare, reporte sa tournée européenne

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La maladie de Céline Dion

Céline Dion, la célèbre chanteuse canadienne, a annoncé le 8 décembre 2022 qu’elle souffrait d’une maladie neurologique rare appelée syndrome de l’homme raide. Cette maladie entraîne une raideur musculaire et des spasmes progressifs qui affectent la mobilité et la qualité de vie. Céline Dion a expliqué dans une vidéo publiée sur Instagram qu’elle devait reporter sa tournée européenne prévue pour 2023 afin de se concentrer sur sa santé et son traitement.

Qu’est-ce que le syndrome de l’homme raide ?

Le syndrome de l’homme raide est un trouble du système nerveux central qui se caractérise par une rigidité musculaire et des spasmes involontaires. Il s’agit d’une maladie auto-immune rare qui touche environ une personne sur un million. Les causes exactes du syndrome de l’homme raide sont encore mal connues, mais il semblerait qu’il soit lié à la production d’anticorps anormaux qui attaquent les cellules nerveuses. Le syndrome de l’homme raide peut affecter n’importe quel groupe musculaire, mais il touche principalement les muscles du tronc et des membres.

Voici une vidéo relatant ces faits :

Les symptômes peuvent varier en intensité et en fréquence, mais ils sont généralement déclenchés par le stress, le bruit, le toucher ou les mouvements. Le syndrome de l’homme raide peut entraîner des douleurs, des difficultés à marcher, à se pencher ou à se lever, ainsi qu’un risque accru de chutes et de fractures. Il n’existe pas de traitement curatif pour le syndrome de l’homme raide, mais il existe des médicaments qui peuvent soulager les symptômes et améliorer la fonction musculaire.

Comment Céline Dion vit-elle avec sa maladie ?

Céline Dion a révélé qu’elle avait été diagnostiquée avec le syndrome de l’homme raide en 2019, après avoir ressenti des douleurs et des spasmes dans son dos et ses jambes. Elle a confié qu’elle avait dû adapter son mode de vie et sa routine quotidienne pour faire face à sa maladie. Elle a notamment réduit ses activités physiques, modifié son alimentation et suivi une thérapie physique régulière.

Elle a également bénéficié du soutien de sa famille, de ses amis et de ses fans, qu’elle a remerciés pour leur amour et leur compréhension. Céline Dion a affirmé qu’elle restait positive et optimiste malgré les difficultés. Elle a déclaré qu’elle espérait pouvoir reprendre sa tournée européenne dès que possible et qu’elle avait hâte de retrouver son public.

Source : Unsplash

Quelles sont les réactions du monde artistique ?

L’annonce de Céline Dion a suscité une vague d’émotion et de solidarité dans le monde artistique. De nombreux artistes ont exprimé leur soutien et leur admiration pour la chanteuse sur les réseaux sociaux. Parmi eux, on peut citer Lara Fabian, Garou, Patrick Bruel, Jean-Jacques Goldman ou encore Adele.

Ces derniers ont salué le courage, la force et le talent de Céline Dion, qui a su traverser plusieurs épreuves dans sa vie, comme la mort de son mari René Angélil en 2016 ou le cancer de son frère Daniel la même année. Ils ont également souhaité à Céline Dion un prompt rétablissement et ont espéré la revoir bientôt sur scène.

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Actualité

Jenifer Fieschi : pourquoi la chanteuse a changé son nom ?

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Jenifer change de nom

Jenifer est l’une des chanteuses françaises les plus populaires depuis sa victoire à la Star Academy en 2002. Mais saviez-vous qu’elle ne s’appelle plus Jenifer Bartoli ? La star a en effet changé de nom et adopté celui de son mari, Ambroise Fieschi. Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce changement d’identité.

Un mariage discret en Corse

Jenifer et Ambroise Fieschi se sont mariés le 21 août 2019 à Serra-di-Ferro, un petit village corse dont est originaire le père de la chanteuse. La cérémonie s’est déroulée dans la plus grande discrétion, loin des paparazzis et des médias. Seuls les proches du couple étaient présents pour célébrer leur union.

Voici une vidéo relatant ces faits :

Ambroise Fieschi est un restaurateur corse qui possède plusieurs établissements sur l’île de beauté. Il a rencontré Jenifer en 2018, lors d’un concert qu’elle donnait à Ajaccio. Depuis, ils ne se sont plus quittés et ont même eu un enfant ensemble, un petit garçon prénommé Aaron, né en mars 2020.

Un nouveau nom pour une nouvelle vie

En changeant de nom, Jenifer a voulu marquer son attachement à son mari et à sa famille. Elle a ainsi pris le nom de Fieschi, qui est aussi celui de son fils cadet. Sur ses papiers d’identité, elle s’appelle désormais Jenifer Fieschi.

Mais ce changement de nom n’affecte pas sa carrière artistique. La chanteuse continue à se produire sous le nom de Jenifer, qui est son nom de scène depuis ses débuts. Elle a d’ailleurs sorti un nouvel album en octobre 2020, intitulé « Nouvelle page », qui a rencontré un beau succès.

Source : Faispasgenre

Une femme épanouie et heureuse

Jenifer semble avoir trouvé l’équilibre entre sa vie privée et sa vie professionnelle. Elle partage son temps entre la Corse, où elle vit avec son mari et ses enfants, et Paris, où elle travaille sur ses projets musicaux. Elle est également coach dans l’émission « The Voice Kids » sur TF1, où elle transmet sa passion aux jeunes talents.

Jenifer est une femme épanouie et heureuse, qui assume pleinement son nouveau nom et son nouveau statut. Elle a confié au magazine Gala : « Je suis très fière de porter le nom de mon mari. C’est une façon de lui dire que je l’aime et que je suis engagée à ses côtés pour la vie. »

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